Fiche pratique
Vérifié le 12/06/2023 – Direction de l’information légale et administrative (Première ministre)
Pour faire face au besoin de trésorerie d’une société, les associés, dirigeants ou salariés peuvent mettre à la disposition de la société des fonds appelés avances en comptes courants. Ces avances sont considérées comme des prêts donnant lieu au versement d’intérêts. Les intérêts versés aux associés sont déductibles des bénéfices de l’entreprise à condition de respecter certains critères.
Pour faire face à ses besoins de trésorerie, la société peut utiliser différents procédés : recourir à une augmentation de capital, emprunter auprès d’un établissement de crédit ou encore organiser des avances en compte courant (appelé aussi apports en compte courant).
Le compte courant d’associé est un prêt consenti par un associé, un dirigeant ou un salarié à la société.
Les modalités du compte courant (rémunération, durée, remboursement, etc.) sont précisées par les statuts ou dans une convention de compte courant conclue entre la société et l’associé.
Qui peut réaliser des avances en compte courant d’associé ?
Les personnes pouvant réaliser des avances dites en compte courant et ainsi bénéficier d’un compte courant d’associé sont les suivantes :
À noter
Il n’y a pas de compte courant d’associé dans une entreprise individuelle.
Quelles sommes peuvent alimenter le compte courant d’associé ?
Le compte courant est alimenté de l’une des façons suivantes :
Dans tous les cas, la personne qui réalise l’avance en compte courant dispose d’une créance à l’égard de la société. Les avances en compte courant sont donc enregistrées au passif du bilan de la société.
Lorsque le compte courant d’associé est débiteur, cela équivaut à un découvert de compte courant. Cela signifie que l’associé doit de l’argent à la société.
Il est interdit aux personnes suivantes d’avoir un compte courant débiteur :
En revanche, une personne morale (c’est-à-dire une société) peut avoir un compte courant débiteur. Cette pratique est courante dans les groupes de sociétés.
Le compte courant d’associé s’analyse comme un prêt consenti à la société par un associé. Il peut donc être rémunéré, comme un emprunt bancaire, par le versement d’
Le taux d’intérêt est fixé par les statuts ou par la convention de compte courant conclue entre la société et l’associé.
À savoir
Si l’associé est une personne physique, celui-ci peut librement renoncer à percevoir des intérêts. En revanche, lorsque l’associé est une société ou une association, il n’est pas possible d’accorder une avance en compte courant sans aucune contrepartie, c’est-à-dire sans versement d’intérêts.
Lorsque le compte courant d’associé est rémunéré, les intérêts versés aux associés peuvent être déduits du bénéfice imposable de la société.
Toutefois, cette déduction est limitée fiscalement par un taux maximal d’intérêts déductibles, également appelé « taux de référence ». Son montant varie en fonction de la date de clôture de l’exercice de la société.
Ainsi, lorsque le taux d’intérêt (fixé par les statuts ou la convention) est supérieur au taux de référence, la partie excédentaire des intérêts versés à l’associé n’est pas déductible du bénéfice imposable.
Clôture de l’exercice | Taux de référence |
Du 31 mai au 29 juin 2022 | 1,15 % |
Du 30 juin au 30 juillet 2022 | 1,35 % |
Du 31 juillet au 31 août 2022 | 1,42 % |
Du 31 août au 29 septembre 2022 | 1,49 % |
Du 30 septembre au 30 octobre 2022 | 1,66 % |
Du 31 octobre au 29 novembre 2022 | 1,76 % |
Du 30 novembre au 31 décembre 2022 | 1,87 % |
Du 1 | 2,55 % |
Du 1 | 2,85 % |
Du 1 | 3,17 % |
Exemple
Un associé accorde à la société une avance en compte courant de 20 000 €. Le taux d’intérêt est fixé à 2,5 %.
La société clôture son exercice le 30 novembre 2022, le taux de référence est donc de 1,87 % (voir tableau ci-dessus).
Au moment du remboursement des fonds, la société devra verser à l’associé 500 € d’intérêts (2,5 % de 20 000).
Toutefois, la société ne pourra déduire que 374 € (1,87 % de 20 000) de son bénéfice imposable. L’excédent de 126 € (500-374) ne pourra pas figurer dans les charges déductibles.
En général, les conditions de remboursement du compte courant d’associé sont précisées dans les statuts ou dans la convention de compte courant.
En l’absence de précision, la créance dont dispose l’associé à l’égard de la société est remboursable à tout moment.
Lorsque l’associé en fait la demande, la société dispose d’un délai de 5 ans à compter de la demande pour rembourser la créance.
À savoir
L’associé peut renoncer à son droit à remboursement.
Le remboursement du compte courant peut-il être bloqué ?
Bloquer un compte courant d’associé signifie que la société n’a plus l’obligation de rembourser les fonds apportés. La société dispose alors de véritables capitaux permanents.
Cette décision est prise soit à l’unanimité de l’assemblée générale des associés, soit dans une convention de blocage (un contrat) signée entre la société et l’associé. Elle sert ainsi de garantie à l’occasion de l’octroi de crédits par un établissement bancaire.
La société peut-elle refuser de rembourser le compte courant ?
Lorsque l’associé réclame le remboursement de son compte courant, la société ne peut pas refuser le remboursement (même en raison de difficultés financière). Elle ne peut pas non plus limiter le remboursement au montant que sa trésorerie peut supporter.
En revanche, la société peut réclamer des délais de paiement (limités à 2 ans) pour rembourser le compte courant.
Que se passe-t-il en cas de redressement ou de liquidation judiciaire de la société ?
Après l’ouverture d’une procédure collective, la société n’a plus le droit de rembourser le compte courant d’associé. L’associé doit donc, comme tout créancier, déclarer sa créance auprès du mandataire judiciaire ou du liquidateur judiciaire.
Dans cette hypothèse, l’associé est remboursé après les créanciers privilégiés de la société et si les finances de la société le permettent.
Les règles fiscales applicables aux comptes courants d’associé sont différentes pour la société bénéficiaire des avances et l’associé titulaire du compte courant.
Les intérêts versés à l’associé sont des charges financières déductibles du résultat de l’entreprise à condition que l’entreprise respecte les 2 conditions suivantes :
À savoir
Lorsque le taux d’intérêt fixé est supérieur au taux de référence, la partie excédentaire constitue une charge non déductible
Par ailleurs, les avances en compte courant constituent une forme de prêt.
L’entreprise qui en bénéficie doit ainsi déposer chaque année une déclaration de contrat de prêt (cerfa n° 10142), au plus tard à la date de dépôt de sa déclaration de résultat.Fiche de calcul à joindre à la déclaration de résultat – BOFIP – impôts – ZRD
Formulaire
Déclaration de contrat de prêt
Cerfa n° 10142
Ministère chargé des finances
Les intérêts perçus par l’associé personne physique constituent des produits de placement à revenu fixe imposés selon le prélèvement forfaitaire unique ou intégrés dans le barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Les intérêts perçus par la personne morale imposée à l’impôt sur les sociétés sont des produits financiers imposables.
Pour une entreprise qui relève de l’impôt sur le revenu, les intérêts sont imposés via l’impôt sur le revenus de ses associés.
Code général des impôts : article 39
Déduction des intérêts des comptes courants d’associés du bénéfice net de la société
Code général des impôts : article 212
Intérêts afférents aux sommes laissées ou mises à disposition d’une entreprise par une entreprise liée, directement ou indirectement
Impôt sur le revenu d’un professionnel
Fiscalité
Imposition des produits de placement à revenus fixes
Argent – Impôts – Consommation
Impôt sur les sociétés (IS) : entreprises concernées et taux d’imposition
Fiscalité
Charges déductibles du résultat fiscal d’une entreprise
Fiscalité
Entreprises en difficulté
Taux de référence – Intérêts déductibles des comptes courants d’associés
Ministère chargé des finances
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